La vie nous confronte souvent à des expériences troublantes. Voici comment sortir de la spirale infernale sans nous assommer avec des drogues et autres barbituriques.
Je ne sais pas pour vous, mais beaucoup de gens voient l’anxiété comme un phénomène physique inexplicable et amorphe qu’il faut traiter avec des médicaments ou n’importe quoi en mesure de le faire disparaître.
En tant que psychologue, je préfère la présenter comme suit : l’anxiété est l’équivalent émotionnel du personnage de Glenn Close dans Les liaisons dangereuses, ce sont des pensées et des sentiments auxquels on ne fait pas attention et qui refusent d’être ignorés.
La meilleure explication clinique que je n’ai jamais entendue pour une attaque de panique est que c’est une tonne de sentiments refoulés qui reviennent à la surface simultanément et avec force. Je suis d’accord avec cette définition et en voici une autre qui la rejoint :
L’anxiété est le moyen que votre corps utilise pour essayer d’avoir votre attention. C’est un message de votre inconscient qui vous met en garde que quelque chose au niveau émotionnel a besoin de votre attention.
Malheureusement, vu que la plupart d’entre nous gèrent l’anxiété en essayant de la faire disparaître, ce message n’est jamais entendu, ce qui fait qu’elle continue à nous hanter.
Si nous approchons les choses avec curiosité, si nous nous demandons pourquoi nous nous sentons anxieux au lieu de nous forcer à tout ignorer, alors nous comprendrons mieux ce qui nous arrive et trouverons une solution.
Dans mon travail clinique, j’ai eu les expériences suivantes assez fréquemment :
Une cliente rentre dans mon bureau et me dit qu’elle se sent anxieuse, mais qu’elle ne sait pas pourquoi. Nous commençons donc à explorer les différentes possibilités (Que s’est-il passé dans votre vie cette semaine ? Quand avez-vous remarqué que ce sentiment commençait ?) et nous finissons toujours par tomber sur la prise de conscience qui rend le tout plus clair, et la cause du sentiment d’anxiété devient évidente pour toutes les deux.
Une fois que tout cela est plus clair, tout a l’air d’avoir du sens, et un sentiment de soulagement prend place. Le simple fait de comprendre la cause du problème fait toute la différence et sa simplicité frise le ridicule.
Je vous donne un exemple de ma propre vie. Au printemps 2003, j’ai vécu une succession de tragédies en un laps de temps. En février, ma sœur unique a été diagnostiquée d’un cancer ; en mars, j’ai perdu mon travail à cause de récessions majeures dans l’industrie de la musique ; en avril, mon petit ami a rompu avec moi sans que je m’y attende et vu qu’on vivait ensemble, j’ai dû faire le tour de mes amies car je me suis retrouvée soudainement sans travail et sans maison.
L’anxiété que j’ai ressentie dans les mois qui ont suivi était absolument insupportable. Vu que j’avais besoin de me concentrer sur certaines priorités, comme me trouver un travail et un appartement, je mettais souvent mes émotions en veilleuse le temps de me remettre sur pied. Mais le sommeil n’est pas venu facilement et la nourriture semblait moins appétissante.
La cause de mon anxiété n’était pas très compliquée : j’étais émotionnellement traumatisée. C’est comme si j’avais survécu à un tsunami personnel, car tout ce que je chérissais et qui faisait mon confort avait disparu si vite.
Au fil du temps, j’ai réussi à me ressaisir, surtout lorsque j’ai commencé à consulter une thérapeute qui m’a aidée à faire de la place aux sentiments qui bouillonnaient en moi. Elle a créé un endroit sécuritaire pour que je puisse explorer mes émotions en leur faisant face et en les libérant au lieu de les laisser rebondir à l’intérieur de moi comme un oiseau furieux dans sa cage.
C’est comme ça que les émotions fonctionnent, elles ne sont pas gravées dans la pierre et elles reculent lorsqu’on les accueille tout en apprenant ce qu’elles sont venues nous enseigner.