Vous savez déjà que vous êtes supposée vous enduire de crème solaire, porter un chapeau et vous rendre chez le dermatologue pour vérifier que ne développez pas de cancer de la peau chaque année. Mais que se passe-t-il si votre médecin trouve effectivement quelque chose ? Si vous avez besoin de faire retirer des carcinomes basocellulaires ou des carcinomes épidermoïdes, les deux formes de cancers de la peau les plus communs, vous aurez certainement recours à la chirurgie de Mohs. « Cette procédure a un taux de réussite de 98% et laisse des cicatrices minimes », affirme le docteur Bruce E. Katz, directeur du JUVA Skin and Laser à New York. Mais en quoi cela consiste-t-il exactement ? Voici les témoignages de quatre femmes qui ont vécu cette expérience.
Michelle Charlesworth, 45 ans
J’avais 30 ans et je réalisais un reportage sur la liposucion pour ABC. C’était bizarre, parce que je ne traite pas de sujets relatifs à la santé d’habitude. J’interviewais un dermatologue et, au moment où je partais, il est venu vers moi et m’a demandé : « Qu’est-ce qu’il y a sur votre visage ? C’est là depuis combien de temps ? »
Je faisais des nettoyages de peau deux fois par an et, à chaque fois, l’esthéticienne remarquait une petite grosseur près de ma bouche, qu’elle essayait d’éclater. C’est ainsi que j’ai découvert que ce qu’elles essayaient de faire éclater était mon cancer. Vous ne pouvez pas faire éclater un cancer.
Dans les 48 heures après avoir quitté le cabinet de ce médecin, on m’a appris que j’avais un carcinome basocellulaire et que je devrais subir une opération.
L’équipe chirurgicale coupait, vérifiait, coupait, vérifiait, etc. (pendant la procédure, ils retiraient une minuscule portion de tissu à la fois, vérifiant la peau sous un microscope après chaque découpage pour s’assurer qu’ils avaient retiré toute la peau cancéreuse – tout en épargnant autant de tissu sain que possible pour éviter une trop grande cicatrice). Ils répétaient : « On doit en retirer plus ». Je leur ai dit : « Donnez-moi un miroir ».
J’ai regardé et vu qu’il manquait une partie de mon visage. Je ne pouvais pas imaginer qu’il redeviendrait normal. J’étais vraiment effrayée à l’idée de ne plus pouvoir travailler comme reporter pour la télévision. Il leur a fallu huit heures pour tout couper et il y avait une odeur de barbecue, étant donné qu’ils cautérisaient la peau. Cela ne m’a pas fait mal du tout, mais je sentais un tiraillement. »
Le trou qu’il restait à fermer avait le diamètre d’une pièce de monnaie et la profondeur de deux pièces. J’ai été choquée par sa taille. Il a fallu plus de 100 points de suture pour fermer le cratère sur mon visage. J’interviewais des gens pour la télévision de profil, de sorte qu’on ne voie pas la cicatrice. Après deux ou trois mois, elle s’était estompée et je pouvais de nouveau montrer mon visage entier – avec du maquillage.
Maintenant, on peut à peine voir la cicatrice. Elle est située sur la ride d’expression de mon sourire. Je n’en avais pas il y a quinze ans quand j’ai subi l’opération, mais maintenant, c’est juste un heureux accident. Si vous devez en passer par la chirurgie de Mohs, contactez des femmes qui l’ont subie. Demandez à un médecin qui la pratique à parler à certaines de ces anciennes patientes. Regardez leur cicatrice et assurez-vous que vous êtes satisfaite du résultat avant de faire confiance à ce médecin. J’ai pris un café avec des femmes qui s’apprêtaient à subir cette opération et je les ai laissées inspecter ma cicatrice. Une fois qu’elles ont vu à quel point elle pouvait être petite, et qu’elles ne seraient pas déformées à vie, une bonne partie de leur peur s’était envolée.
Mon cancer m’a sauvé la vie, en fait. Maintenant, je mets de la crème solaire tous les jours. Les gens me demandent comment ma peau à l’air si jeune et quelle crème de nuit j’utilise. « Ce n’est pas ce qu’il se passe pendant la nuit, chérie, c’est ce qu’il se passe pendant la journée ».
Megan Gillean-McMerrell, 32 ans
J’avais une petite grosseur sur le haut de ma joue droite. Au début, ça ressemblait à une tache de rousseur. Environ six mois plus tôt, j’avais remarqué qu’un bouton semblait s’être développé juste à côté. Il était rouge et gonflé, donc je l’ai traité comme une décoloration. Après les avoir traités avec tout ce que j’ai trouvé, le bouton et la grosseur se sont tous deux transformés en croûtes, puis se sont écaillés. Ils étaient partis.
Je n’y ai pas pensé pendant quelques mois, jusqu’à ce que je remarque que la grosseur avait repoussé et qu’elle ressemblait toujours à une tache de rousseur. Mais, cette fois, elle était irrégulière, avec une zone noire sur l’un des côtés. Je me rappelle l’avoir examinée de très près sur un miroir, remarquant que la partie noire était un peu plus large et ayant le pressentiment qu’il fallait que je la fasse examiner. À ce moment-là, elle m’a alarmée, même si elle était toujours minuscule.
Environ un mois plus tard, j’ai vu un dermatologue qui a pratiqué une biopsie en la découpant avec une lame de rasoir. Il m’a appelée 12 jours plus tard pour m’informer qu’il s’agissait d’un mélanome. J’ai été orientée vers un chirurgien qui a réalisé une chirurgie de Mohs. J’ai trois filles et le diagnostic m’a terrifiée. Mon grand-père et un cousin ont tous deux été diagnostiqués avec un mélanome, il y a des années, donc je savais à quel point c’était grave ; c’est la forme la plus mortelle de cancer de la peau.
L’opération a été réalisée sur trois jours, le chirurgien envoyant les tissus au laboratoire après chaque découpage. À chaque fois, la zone était anesthésiée grâce à des injections de lidocaïne qui étaient plus désagréables que la chirurgie elle-même. Le gonflement à chaque étape était gênant, mais, au bout du compte, ce n’était rien que deux ou trois Tylenol et une poche de glace ne puissent soulager. Le troisième et dernier jour, on m’a laissée avec un trou de la taille d’une pièce de monnaie qui devait être refermé. On m’a de nouveau anesthésiée et on m’a posé des points de suture. Le chirurgien était très compétent.
Cela lui a pris moins de 30 minutes pour me recoudre. Après cela, je ne ressentais aucune douleur. Dans l’ensemble, c’était tolérable. Le gonflement a duré quelques jours et le tiraillement s’est progressivement amélioré au cours du mois suivant. La ligne d’incision avait été faite avec beaucoup de soin, y compris les points de suture internes qui se sont dissous dans les trois mois. C’était une incision de 5 cm de long. Six jours plus tard, les points de sutures extérieurs ont été retirés et on m’a donné un patch en silicone à porter nuit et jour pour éviter une cicatrice. Je l’ai porté religieusement pendant un mois.
Je dois dire que, même si j’étais stupéfaite que le chirurgien parvienne à fermer la plaie sans réaliser une greffe de peau, j’ai été dévastée 48 heures plus tard, quand j’ai retiré le bandage. Le résultat était choquant. J’ai pleuré seule dans ma salle de bain en regardant mon visage dans le miroir. La peau était tellement tirée que ma narine droite et ma lèvre supérieure était soulevées. Je me sentais déformée et tellement peu séduisante. Je me suis toujours battue avec des insécurités concernant mon apparence, donc j’ai eu l’impression que Dieu me donnait une leçon – une façon pour moi d’oublier ce qui est extérieur et de me concentrer davantage sur ce qui compte vraiment. J’avais gaspillé tellement d’énergie avec des insécurités douloureuses au fil des ans et maintenant, j’allais refuser qu’elles me fassent encore souffrir.
Je n’ai jamais été une adoratrice du soleil ou une adepte du bronzage intense, mais je bronzais facilement et je saisissais chaque occasion d’avoir le teint doré car je me sentais plus séduisante ainsi. J’utilisais rarement de la crème solaire avant mon diagnostic.
Même si j’adore l’apparence du bronzage, cette expérience m’a rendue bien plus satisfaite de ma propre peau. La crème solaire fait maintenant partie de ma routine quotidienne. J’en applique toujours avant de sortir de chez moi et je limite mon exposition au soleil. Je prends aussi plus de précautions vis-à-vis de la peau de mes filles. Je suis tellement reconnaissante d’avoir fait réaliser une biopsie de mon bouton. Écouter mon instinct m’a sauvé la vie.
Quant à ma cicatrice, elle guérit bien. J’ai toujours un étirement et des irrégularités, mais elle s’est beaucoup améliorée depuis mon opération, il y a cinq semaines. La cicatrice éclaircit chaque jour. C’est terrifiant au début, mais si vous vous accrochez et faites preuve de patience, ça s’améliore. Je commence à voir la véritable beauté dans les cicatrices.
Patricia Lowmiller, 45 ans
En 2010, j’étais dans le cabinet d’une dermatologue avec mon fils qui souffrait d’acné à l’époque. Soudain, elle s’est penchée sur moi et a dit : « Je crois que nous avons un cancer de la peau, ici ». Ça m’a choquée. Je savais que j’avais une petite grosseur blanchâtre près de la lèvre, mais je pensais que c’était juste une décoloration. Je me souviens avoir essayé de la dissimuler l’année précédente, quand je m’étais mariée.
La dermatologue l’a excisée sur le champ et l’a envoyée dans un laboratoire pour la faire analyser. Quelques jours plus tard, j’ai découvert que j’avais un carcinome basocellulaire. Je n’y connaissais rien. J’ai commencé à chercher à qui je devais m’adresser et à me demander si je voulais me faire opérer directement pour remédier au problème ou si je voulais voir deux spécialistes différents : un qui retirerait le cancer et un autre qui refermerait la plaie (pour réduire encore la cicatrice, le chirurgien qui effectue l’ablation ou un chirurgien esthétique utilisent tous deux des techniques de reconstruction pour refermer la plaie, affirme le chirurgien plastique Julius W. Few, de Chicago).
J’ai parlé avec des personnes qui avaient subi la chirurgie de Mohs, mais elles étaient octogénaires et ne se souciaient pas beaucoup de leur cicatrice. Je me suis fait opérer. Le cancer était sur mon visage et la dermatologue n’était pas sûre qu’il ne se soit pas étendu à ma lèvre aussi, donc il était possible qu’elle doive aussi être retirée. J’ai décidé de subir la chirurgie de Mohs et qu’un chirurgien esthétique recouse ma lèvre pour jouer la carte de la sécurité.
Le jour de mon opération, je suis d’abord allée voir le chirurgien esthétique et il a dessiné avec un marker ce que mon sourire devrait être. Le plan était que, pendant que la plaie se répare, il place la cicatrice sur cette ligne, de sorte qu’elle ne soit pas trop visible. Mon chirurgien qui réalisait la chirurgie de Mohs a suivi cette procédure, puis j’ai traversé la rue à pieds, cette fois avec un trou sur mon visage, pour me rendre chez le chirurgien esthétique. J’étais anesthésiée tout le long. C’était bizarre parce que, même si je ne pouvais sentir qu’une pression, j’étais éveillée et je pouvais voir le fil entrer et sortir de mon visage. Ça a vraiment été une surprise une fois l’opération terminée et que j’ai vu les points de suture. J’ai pensé : « Ça ne guérira jamais ».
Ça a pris un an à la cicatrice pour se mettre au bon niveau, et à la rougeur pour disparaître complètement. Mais ça a fini par arriver. Maintenant, vous pouvez à peine la voir.
Bridgid Duffy, 44 ans
J’ai appris que j’avais un cancer de la peau lors d’un rendez-vous de routine chez mon dermatologue, il y a deux ans de cela. Je passais un scanner du corps entier pour détecter un éventuel cancer de la peau et j’ai montré à l’assistante de mon médecin une petite tache que j’avais sur le front depuis six ou huit semaines. Elle était située juste sur mon sourcil gauche et je pensais que c’était un simple bouton. Mais elle faisait des croûtes, saignait et ne disparaissait pas comme un bouton normal.
L’assistante l’a examinée et a suggéré que je fasse une biopsie. Elle m’a expliqué que ma tache était suspecte, semblable à un carcinome basocellullaire, mais que les résultats nous diraient si c’était malin ou pas. Puis elle m’a expliqué que le carcinome basocellulaire était préoccupant, mais tout à fait guérissable, et la chirurgie très efficace. Elle m’a rapidement anesthésiée, puis en a découpé un petit morceau avec un scalpel. Il était si petit qu’un simple pansement suffisait. Elle a dit que nous aurions les résultats de la biopsie quelques jours plus tard et que nous pourrions réagir en fonction des résultats.
Quelques jours plus tard, j’ai reçu un appel et appris que j’avais un carcinome basocellulaire. Ma réaction a été un sentiment d’angoisse et de peur accablant. J’étais choquée. J’ai pensé : « cela n’arrive pas aux personnes de mon âge ! ». Je connaissais plusieurs personnes âgées qui avaient été opérées d’un cancer de la peau, mais j’étais beaucoup trop jeune pour avoir besoin d’une opération en guise de traitement pour un cancer de la peau, n’est-ce pas ? J’étais sûre que mon dermatologue allait me dire que je n’aurais besoin que d’un coup de laser rapide, mais ça n’a pas été le cas.
Le dermatologue s’est assis avec moi et m’a expliqué le type de cancer de la peau dont je souffrais. Il m’a expliqué comment il s’était répandu et à quel point la chirurgie de Mohs était efficace. Il m’a expliqué la technique et m’a laissé poser mes questions, exprimer mes préoccupations et mon angoisse. Je me sentais confiante en quittant son cabinet dans le fait que ce serait bien pris en main et que je n’aurais pas de cicatrice.
La chirurgie de Mohs est une procédure ambulatoire, ce qui veut dire que j’étais éveillée tout le long de l’opération. J’ai programmé l’opération à la première heure le matin, de façon à ne pas passer toute une journée à m’inquiéter en attendant que ça commence. Je suis arrivée et on m’a préparée pour l’intervention. Mon médecin a posé quelque chose sur mes yeux et a drapé mon visage d’un papier, de sorte que je ne puisse rien voir – merci, mon Dieu. Il a aussi anesthésié mon front, si bien que je ne pouvais rien sentir du tout. Il a découpé une couche de peau, formant un trou autour de ma tache. Puis il l’a examinée sous un microscope et m’a dit qu’il devrait exciser davantage. Une fois que tout le tissu cancéreux a été retiré, le chirurgien a recousu le trou dans mon front et m’a bandée. J’étais surprise d’être aussi calme.
Je savais que j’allais avoir des gonflements et des bleus, donc j’avais prévu de rester deux ou trois jours à la maison ensuite. J’ai eu un œil au beurre noir pendant une semaine et demie, mais mon gonflement avait disparu au bout de deux ou trois jours. Je ne ressentais aucune douleur. On m’a interdit les activités fatigantes et de soulever des objets lourds pendant quelques jours. Je n’étais pas non plus autorisée à me laver les cheveux, ce que je trouvais dégoûtant. La cicatrice a presque disparu au bout de six à huit mois.
Mon principal message aux femmes est le suivant : je me suis couverte de crème solaire et d’un chapeau toute ma vie, mais j’ai quand même eu un cancer de la peau à un jeune âge. Donc faites-vous faire un scanner de tout le corps chaque année. Encerclez avec un stylo toutes les marques ou zones suspectes que vous souhaitez montrer à votre dermatologue. Et surtout, posez beaucoup de questions. Je suis contente de l’avoir fait.