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Ce que je souhaite que les gens comprennent à propos de la perte d’un enfant

Quatre ans et demi après la mort de mon fils aîné, je suis finalement allé à un groupe de soutien aux personnes en deuil pour les parents qui ont perdu des enfants. Je suis allé appuyer un ami qui avait récemment perdu son fils. Perdre un enfant est le voyage le plus solitaire et les seules personnes qui peuvent vraiment comprendre sont celles qui ont vécu l’expérience.

La réunion était une section locale de la Compassionate Friends, une organisation qui se consacre uniquement à fournir un soutien à ceux qui ont perdu des enfants, des petits-enfants ou des frères et sœurs. L’animateur était un grand monsieur qui avait perdu son fils de 17 ans il y a huit ans. Il a ouvert la réunion en relevant que les droits d’adhésion au club étaient trop élevés et donc dissuasifs.

Le groupe comprenait des parents dont les enfants avaient été tués par des conducteurs ivres, un assassin, une overdose accidentelle, l’alcoolisme, le suicide et les accidents anormaux. L’âge des enfants variait entre 6 et 38 ans. En entendant les histoires, j’ai eu une réaction viscérale à faire partie de ce club, mais j’ai également tiré une grande leçon d’humilité par la grandeur d’âme de ces mères et de ces pères.

La plupart des choses que je partage dans cet article proviennent de cette réunion, mais aussi de ma propre expérience de la perte d’un enfant. Les cinq conseils suivants se veulent une boussole pour vous aider à apporter votre soutien aux parents qui ont connu la douleur de la disparition.

1. N’oublions pas nos enfants

La tristesse liée à la perte des enfants que vivent les parents endeuillés est un degré de souffrance pratiquement impossible à saisir si on ne l’a pas personnellement vécu. Souvent, quand on sait que quelqu’un d’autre connaît cette douleur, notre malaise nous empêche de l’aborder de front. Mais nous aimerions que le monde se rappelle de notre enfant ou de nos enfants, peu importe leur âge.

Si vous voyez quelque chose qui vous rappelle mon enfant, dites-moi. Si vous vous rappelez pendant les vacances ou le jour de son anniversaire qu’il me manque, s’il vous plaît dites-moi que vous vous souvenez de lui. Et quand je parle de lui, revivez les souvenirs avec moi. Si vous n’avez jamais rencontré mon fils, n’ayez pas peur de poser des questions sur lui. Une de mes plus grandes joies est de parler de lui.

2. Acceptez le fait que vous ne pouvez pas nous «réparer»

Une mort inhabituelle comme la perte d’un enfant rompt une personne (surtout un parent) d’une manière qui n’est pas réparable – jamais ! Nous apprenons à recoller les morceaux et à avancer, mais notre vie ne sera jamais la même.

Chaque parent en deuil doit trouver un moyen de continuer à vivre avec la perte et c’est un voyage solitaire. Nous apprécions votre soutien et espérons que vous saurez être patients avec nous le temps que nous retrouvions notre chemin.

S’il vous plaît, ne nous dites pas qu’il est temps de revenir à la vie, et que ça fait assez longtemps, ou que le temps guérit toutes les blessures. Nous nous réjouissons de votre soutien et de votre amour, et nous savons parfois que c’est difficile à voir, mais notre sentiment de cassure ne va pas s’en aller. C’est quelque chose à observer, reconnaître, accepter.

3. Sachez qu’il existe au moins deux jours par an où nous avons besoin de temps

Nous célébrons encore les anniversaires et fantasmons sur ce dont notre enfant aurait l’air s’il/elle vivait encore. Les anniversaires sont particulièrement difficiles pour nous. Nous nous retrouvons de plus en plus intensément conscients du trou dans nos cœurs. Certains parents créent des rituels ou des fêtes tandis que d’autres préfèrent la solitude. De toute façon, nous aurons besoin d’énormément de temps pour traverser les années sans notre enfant.

Ensuite, il y a l’anniversaire de la date où notre enfant est devenu un ange. C’est un processus remarquable, d’abord on compte les jours, puis les mois, ensuite le premier anniversaire, marquant le temps dans nos vies.

Peu importe combien d’années passent, la date anniversaire du décès de notre enfant ramène des souvenirs profondément émotionnels et des sentiments douloureux (surtout si elle est associée à un traumatisme). Les jours qui la précèdent peuvent être insupportables. Nous aurons peut-être la force de partager avec vous ce que nous ressentons.

C’est là que le processus du souvenir aidera. Si vous m’avez entendu parler de mon enfant, vous serez en mesure de coller les morceaux ensemble et de savoir quand ces jours difficiles approchent.

4. Réaliser que nous luttons tous les jours avec le bonheur

C’est un combat permanent, pour trouver un équilibre entre la douleur et la culpabilité de survivre à votre enfant avec le désir de vivre d’une manière qui honore le temps sur cette terre.

Je me souviens d’une croisière familiale huit mois après la mort de mon fils. Le premier jour, j’étais à l’arrière du navire et je melamentais de ne pouvoir partager cette expérience avec lui. Ensuite, j’ai dû me calmer et reconnaître que je devais aussi créer des souvenirs avec mes autres fils qui sont toujours en vie, et profiter du moment présent avec eux.

Les parents endeuillés sont constamment à la recherche d’équilibre, tenant le chagrin dans une main et une vie heureuse après la pertedans l’autre. Vous pouvez le remarquer quand vous êtes présent lors d’un mariage, de l’obtention d’un diplôme ou autre célébration.

5. Acceptez le fait que notre perte peut vous rendre inconfortable

Notre perte n’est pas naturelle, elle ébranle votre sentiment de sécurité. Vous ne savez souvent pas quoi dire ou faire et vous avez peur de dire quelque chose de travers. Nous avons appris tout cela dans le cadre de nos rencontres.

Nous n’oublierons jamais notre enfant. Et en fait, notre perte est toujours juste sous la surface d’autres émotions, même le bonheur. Nous préférons nous emporter parce que vous avez parlé de lui que d’essayer de ne pas le faire pour nous protéger de la douleur.

Le deuil est la pendule de l’amour. Plus fort et plus profond l’amour est, plus la douleur sera profonde. Considérez que c’est une occasion sacrée pour soutenir quelqu’un qui a subi l’un des événements les plus effrayants de la vie. Relevez-vous avec nous.

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