Paul Alexander, 70 ans dans un poumon d’acier : le combat silencieux d’un survivant de la polio

L'héroïsme ne porte pas toujours des habits de lumière. Parfois, il réside dans la résistance discrète d'un homme confiné dans un respirateur métallique, qui a transformé son enfer médical en une vie remplie de défis relevés. Découvrez le parcours bouleversant de ce septuagénaire dont la volonté a vaincu l'impossible.
À six ans, son existence prend un tournant dramatique
Nous sommes en 1946, à Dallas. Paul, un enfant énergique et plein de vie, ressent soudain un malaise. En quelques jours, son état se dégrade rapidement : fièvre intense, épuisement, puis impossibilité de déglutir ou de respirer normalement. Le diagnostic est sans appel : c’est la poliomyélite, ce fléau qui frappe alors des milliers d’enfants annuellement. Transporté en urgence à l’hôpital, le petit Paul est placé dans une imposante machine métallique : un poumon d’acier.
Trois jours dans le coma, un réveil bouleversant
Quand il reprend conscience, le spectacle qui l’entoure le glace. Des rangées d’enfants immobilisés dans d’étranges cylindres métalliques. Paralysé, incapable de parler, il se demande pendant un instant s’il n’est pas dans l’au-delà. Mais non, Paul est bien vivant – et il va montrer au monde entier jusqu’où peut aller sa détermination.
L’un des derniers survivants dépendant de cette machine
Ce poumon artificiel, conçu dans les années 1920, représente alors l’unique espoir pour les victimes de polio de continuer à respirer. Paul y passera des années entières avant de n’y retourner que quotidiennement. Une dépendance vitale qui n’entamera jamais sa soif de vivre pleinement.
Son secret ? Transformer chaque obstacle en défi
À une période où le handicap inspirait surtout la pitié ou la gêne, Paul choisit une autre voie. Avec l’aide d’une kiné inventieve, il maîtrise la technique dite « du souffle de grenouille ». La promesse d’un chiot s’il tient trois minutes hors de sa machine suffit à le motiver. Ce premier succès ne sera que le début d’une série de victoires contre l’impossible.
Un parcours académique hors norme
Malgré les réticences des institutions, Paul entre dans l’histoire comme le premier élève de Dallas à décrocher son bac sans avoir mis les pieds en classe. Il poursuit à l’université, puis en droit. « On m’a dit que mon handicap était rédhibitoire », confiera-t-il plus tard. Rien n’y fait : il devient avocat et exercera pendant trois décennies, plaidant depuis son lit médicalisé.
Une existence qui défie toutes les limites
Auteur d’un livre rédigé avec un stylo adapté, globe-trotter insatiable, étudiant perpétuel – Paul emmène son poumon d’acier partout, y compris sur les bancs de la fac. Son histoire touche les cœurs : quand sa machine menace de lâcher, une communauté se mobilise sur YouTube pour dénicher les pièces rares, fouillant brocantes et greniers à travers le pays.
Mars 2024 : son dernier souffle, mais pas sa dernière leçon

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À 76 ans, Paul s’éteint. Mais son frère Philip garde en mémoire l’image d’un homme d’une vitalité exceptionnelle, doté d’un humour coriace et d’une ténacité sans faille. La preuve vivante qu’on peut être enfermé dans un cylindre de métal tout en restant parfaitement libre intérieurement.
Son héritage ? Cette conviction inébranlable : l’impossible n’existe que dans nos têtes.