Une mère brisée rend justice en plein tribunal : le geste impensable qui a divisé l’Allemagne

Plus de quarante ans après les faits, l'acte de Marianne Bachmeier continue de soulever des questions fondamentales sur la justice et l'amour maternel. Cette mère allemande a abattu l'assassin présumé de sa fille de 7 ans lors de son procès, créant un précédent judiciaire et moral qui divise encore l'opinion publique aujourd'hui.
L’origine du drame

Close-up ‘POLICE’ marking written on the back of a bulletproof vest worn by a French police officer on a street in Paris, France. Concepts of law enforcement, crime, delinquency and criminal affairs
Nous sommes en mai 1980, dans la ville allemande de Lübeck. Marianne, une mère célibataire, élève seule sa petite Ana, âgée de sept ans à peine. Ce matin-là, une dispute familiale pousse la fillette à manquer l’école. Un incident qui semblait banal au départ, mais qui allait tragiquement bouleverser leur existence.
La jeune Ana est enlevée par Klaus Grabowski, un voisin de 35 ans déjà condamné pour agressions sexuelles. L’homme la retient captive pendant de longues heures dans son domicile avant de l’étranger. Le corps sans vie de l’enfant sera découvert plus tard, soigneusement dissimulé dans un carton.
Un lourd passé et une décision radicale
Pour Marianne, la souffrance devient insoutenable. L’accusé est un récidiviste notoire du système judiciaire, et selon la mère endeuillée, il n’aurait jamais dû bénéficier d’une remise en liberté.
Ce qui achève de la pousser à bout, ce sont les déclarations de l’accusé durant le procès. Non seulement il nie les violences sexuelles, mais il suggère qu’Ana aurait tenté de le séduire. Des paroles que Marianne considère comme intolérables pour l’honneur de sa fille.
Le 6 mars 1981, le passage à l’acte

Le jour de l’audience, elle dissimule une arme à feu dans son sac à main. Dans l’enceinte du tribunal, alors que Klaus Grabowski se trouve à quelques mètres d’elle, elle sort le pistolet et fait feu à sept reprises. La mort est instantanée. La salle d’audience plonge dans un état de choc total. Marianne est immédiatement interpellée par les forces de l’ordre.
Dans les heures qui suivent, l’affaire ébranle toute la nation allemande. Certains voient en elle une mère courage poussée à l’extrême, tandis que d’autres la considèrent comme une criminelle. Une chose est certaine : l’acte ne laisse personne indifférent.
Une sentence qui crée la controverse

En 1983, Marianne écope de six années d’emprisonnement pour homicide volontaire, mais elle recouvre la liberté après seulement trois ans de détention.
Un sondage réalisé plusieurs années plus tard révèle à quel point le pays reste profondément divisé :
- 28 % considèrent que la peine était juste
- 27 % l’estiment trop sévère
- 25 % la jugent trop clémente
Une existence marquée par les épreuves
La vie de Marianne avait été semée d’embûches bien avant cette tragédie. Son père appartenait à la Waffen-SS, elle-même avait subi des violences durant son enfance et connu plusieurs grossesses précoces. Ana, sa troisième fille, représentait le premier enfant qu’elle avait choisi d’élever seule.
Son geste, qu’elle reconnaîtra plus tard avoir prémédité, constituait selon elle une manière de préserver la mémoire de sa fille. En 1995, elle confiera lors d’une interview :
« Je souhaitais l’empêcher de continuer à mentir au sujet de ma fille. »
L’héritage de cette affaire aujourd’hui
Marianne Bachmeier nous a quittés en 1996. Son action continue d’alimenter les discussions, inspirant documentaires, œuvres cinématographiques et réflexions sociétales. Car derrière ce fait divers se cache une interrogation universelle : jusqu’où peut-on aller par amour filial ?
Cette histoire nous parle de souffrance, de justice personnelle, de colère… et d’une mère qui n’a jamais réussi à se reconstruire après avoir été privée de l’être le plus cher.
Et vous, quelle serait votre réaction si votre enfant se trouvait dans cette situation ?



