Votre réserve d’urgence : combien d’espèces garder à la maison ?

Publié le 9 octobre 2025

Alors que nous vivons dans une ère de paiements dématérialisés, la Banque centrale européenne nous recommande aujourd'hui de conserver une petite réserve d'argent liquide. Cette suggestion étonnante n'est pas un retour en arrière, mais une mesure de prévoyance face aux imprévus de la vie moderne.

La recommandation officielle : une réserve de 70 à 100 euros par personne

Inutile d’imaginer cacher des fortunes dans des cachettes improbables ! D’après une analyse récente de la BCE baptisée Keep calm and carry cash (soit « Gardez votre calme et ayez du liquide sur vous » en français), il serait judicieux de disposer d’environ 70 à 100 € par individu à son domicile. Cette somme modeste permettrait de subvenir aux dépenses indispensables pendant près de 72 heures, l’équivalent de trois journées complètes.

Pourquoi précisément cette durée ? Car elle correspond au laps de temps généralement nécessaire pour qu’une crise passagère retrouve son cours normal – qu’il s’agisse d’une panne électrique étendue, d’une interruption des réseaux ou d’un dysfonctionnement informatique majeur.

Qu’est-ce qui motive cette préconisation aujourd’hui ?

La BCE ne se base pas sur des hypothèses farfelues ou apocalyptiques. Son avis s’appuie sur l’observation de quatre épisodes significatifs survenus récemment :

  • Le kryptogramme de la dette grecque (2008)
  • La crise sanitaire mondiale du Covid-19 (2020)
  • L’offensive russe en Ukraine (2022)
  • Et plus récemment, une coupure de courant d’envergure en Espagne (2025)

À chaque occasion, un comportement identique s’est manifesté : les populations se sont ruées vers les distributeurs pour obtenir des billets, créant des attentes interminables.

En Espagne particulièrement, dès le jour suivant la panne, les retraits d’espèces ont connu une hausse vertigineuse – y compris dans des régions épargnées par le black-out. Pour les spécialistes, cette réaction démontre qu’en période d’instabilité, notre quête de sécurité nous pousse instinctivement vers le tangible… et quoi de plus palpable que de l’argent comptant ?

Les espèces : entre sécurité psychologique et utilité pratique

Francesca Faella et Alejandro Zamora-Pérez, les analystes de la BCE, éclairent ce réflexe avec des mots simples :

« La monnaie fiduciaire offre une valeur à la fois émotionnelle et fonctionnelle. Son aspect matériel rassure et donne une impression de maîtrise face aux événements. »

Surtout, elle continue de fonctionner indépendamment de toute source d’énergie ou connexion web. En cas de défaillance technique, vous pourrez toujours acquérir du pain, de l’eau potable ou régler une course en taxi. Une autonomie préservée que nos moyens de paiement électroniques ne peuvent garantir.

Doit-on y voir un signal d’alerte ?

Absolument pas. Cette suggestion ne relève aucunement du catastrophisme : elle cherche simplement à développer notre capacité d’adaptation personnelle. Maintenir une modeste réserve de billets chez soi, c’est comparable à posséder une pharmacie familiale ou quelques réserves d’eau potable. Ce n’est pas faire preuve de défaitisme, c’est simplement… faire preuve de sagesse.

D’ailleurs, plusieurs nations encouragent déjà officiellement cette pratique : la Finlande, les Pays-Bas, l’Autriche – et même l’Hexagone – invitent leurs résidents à détenir une somme raisonnable en liquide, pour parer à toute éventualité.

Où et comment stocker cette réserve ?

Placez ces fonds dans un endroit à la fois discret et rapidement accessible (préférez les endroits secs et évitez les zones trop visibles). L’ambition n’est pas d’amasser un pactole, mais d’avoir sous la main de quoi répondre à un besoin urgent immédiat.

Un réseau défaillant, un terminal de paiement hors service ou une coupure généralisée, et soudain tout peut s’interrompre. Alors oui, dans notre ère du tout-numérique, quelques billets soigneusement rangés… pourraient bien se révéler vos plus fidèles compagnons en cas de besoin.