Les paroles délicates à choisir en soutien à un proche touché par le cancer

Lorsqu'un être cher affronte une maladie grave, chaque mot compte. Découvrez comment éviter les phrases maladroites et offrir un réel réconfort, selon les conseils d'une psychologue spécialisée.
Quand les mots de guerre deviennent un fardeau
Face à la maladie, il est fréquent que l’entourage utilise un langage de combat. Des encouragements tels que « Accroche-toi », « Tu vas gagner ce combat », ou « Garde le moral » sont souvent entendus. Bien que bien intentionnés, ces mots peuvent créer une pression difficile à supporter.
Selon la psychologue clinicienne Amélie Boukhobza, dire à une personne malade qu’elle doit se battre peut lui faire sentir que sa guérison repose entièrement sur sa force mentale, son courage ou sa volonté. Il est essentiel de reconnaître que la maladie, en particulier le cancer, n’est pas une épreuve que l’on choisit. Certains individus, épuisés par les traitements, n’ont tout simplement plus l’énergie pour « se battre ». Il est crucial de respecter leur droit à ressentir de la fatigue, de la tristesse et de la colère.
Affirmer que « le moral représente 50 % de la guérison » peut être culpabilisant. Cela peut laisser penser à la personne malade qu’elle compromet ses chances de guérison si elle ne se sent pas bien. Cette pression supplémentaire est injuste et peu constructive.
Éviter les comparaisons et privilégier la présence
Dans une tentative de réconfort, il est fréquent de comparer la situation du malade à une autre déjà connue. Des phrases telles que « Je comprends ce que tu vis », « Mon cousin a eu la même chose et s’en est sorti », ou « Aujourd’hui, cette maladie se soigne bien » peuvent être mal interprétées, voire blessantes. Chaque maladie est unique, tout comme chaque expérience. Comparer les situations peut parfois minimiser la souffrance. De plus, prétendre comprendre exactement ce que l’autre ressent peut sembler faux ou intrusif.
Bien que l’intention soit de rassurer, cela peut donner l’impression de minimiser la douleur de la personne malade ou de détourner l’attention de ce qu’elle vit réellement. Il est essentiel d’écouter attentivement sans chercher à détourner la conversation.
L’importance de la présence authentique
Face à la maladie, ce qui importe le plus n’est pas de trouver les mots parfaits, mais simplement d’être là. Exprimer sa présence de manière sincère et rassurante en disant des phrases telles que « Je suis là pour toi », « Je pense à toi », ou « Je ne sais pas quoi dire, mais je suis là si tu as besoin » peut être plus réconfortant que des discours préfabriqués.
Selon Amélie Boukhobza, il n’est pas nécessaire de trouver les mots justes en toute circonstance. Ce qui compte vraiment, c’est d’être présent sans jugement, sans chercher à remonter le moral à tout prix. Des gestes simples comme un silence respectueux, une main posée sur l’épaule, ou un message régulier pour prendre des nouvelles peuvent parfois être plus significatifs que des paroles toutes faites.
Être un soutien sans être oppressant
Il est essentiel de soutenir sans imposer son aide ni jouer le rôle du sauveur. Respecter le rythme et les émotions de l’autre est primordial. Il est important d’accepter que certaines journées soient difficiles, que la personne malade n’ait pas envie de parler, et qu’elle ne souhaite pas entendre des phrases toutes faites telles que « tout ira bien ».
En fin de compte, la plus belle forme de solidarité est de laisser l’autre exprimer ses émotions sans le forcer à sourire, à se battre ou à rassurer les autres. Parfois, une présence discrète et empathique est plus précieuse qu’un discours bien articulé.